Une future zone industrielle dans le Pays de Châteaugiron attise la colère d’habitants (France Bleu)

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Des habitants du Pays de Châteaugiron et la confédération paysanne se mobilisent contre le projet d’extension du parc d’activités des Portes de Bretagne 2 à Servon-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine). Ils redoutent les effets néfastes de ce projet sur la biodiversité et les terres agricoles.

Initié en 2016, le projet d’extension du parc d’activités des Portes de Bretagne 2, à Servon-sur-Vilaine, mobilise toujours autant ses opposants. La communauté de communes, le Pays de Châteaugiron Communauté, soutient ce projet. Un collectif d’habitants, STOP PAPB2 et la confédération paysanne ont appelé ce samedi 29 janvier 2022 à une mobilisation contre la future zone industrielle. Ils redoutent notamment une altération des terres agricoles et de la biodiversité.

Cette nouvelle zone d’activités doit accueillir d’ici 2024 plusieurs entreprises le long de la 4 voies Rennes-Paris. Membre du collectif STOP PAPB2 et élu de l’opposition à Servon-sur-Vilaine, Damien Gentilleau dénonce le manque d’information autour de ce projet, et notamment sur ces futures entreprises. “Est-ce que c’est l’agroalimentaire sachant que les besoins en eau sont considérables ? Est-ce que c’est à nouveau de la logistique sachant qu’il y a déjà des problèmes de congestion de trafic ? On ne sait toujours pas quel type d’entreprises va venir s’installer ici“, regrette Damien Gentilleau. Le président du Pays de Châteaugiron Communauté Dominique Denieul assure que “le nombre d’entreprises n’est aujourd’hui pas arrêté” car le projet n’est pas encore fini.

Répondre à un manque de place

Ce projet industriel consiste en une extension d’un premier parc d’activités accueillant plusieurs entreprises déjà gourmandes en eau. Parmi ces entreprises déjà implantées en bordures de la 4 voies, on retrouve notamment Bridor et Celsius. Selon la communauté de communes, porteuse du projet, cette future extension doit répondre à une forte demande. “Beaucoup d’entreprises nous ont déjà contacté pour pouvoir délocaliser des entreprises locales“, “plusieurs dizaines d’entreprises cherchent des terrains pour pouvoir réaménager leurs locaux et leurs outils de production“, explique Dominique Denieul. Or la communauté de communes de Châteaugiron fait face à un réel problème : “Elle n’a pas de terrain disponible sur les axes structurants“. Pour l’élu, “Servon-sur-Vilaine a la chance d’être desservi par une gare, donc des entreprises sont intéressées pour être sur ce secteur“.

Des nuisances déjà ressenties

Ce projet industriel consiste en une extension d’un premier parc d’activités accueillant plusieurs entreprises déjà gourmandes en eau. Parmi ces entreprises déjà implantées en bordures de la 4 voies, on retrouve notamment Bridor et Celsius. Selon la communauté de communes, porteuse du projet, cette future extension doit répondre à une forte demande.

Pour pouvoir accueillir ces entreprises, le projet doit s’étendre sur 27 hectares, aujourd’hui occupés par des terres agricoles. La confédération paysanne pointe une urbanisation de plus en plus importante des sols : “C’est un grignotage continu“, se désole Simon Lehuger, agriculteur à Noyal-sur-Vilaine et membre de la confédération paysanne. Pour cet éleveur de vaches laitières bio, “sur les dix dernières années, la commune de Servon-sur-Vilaine a déjà urbanisé 35 hectares, Domloup 37 hectares, Noyal-sur-Vilaine 46 hectares, Cesson 51 hectares, c’est énorme et ça ne s’arrête jamais“.

Pour le collectif STOP PAPB2, l’extension des Portes de Bretagne 2 viendrait renforcer des nuisances déjà ressenties par les riverains du parc d’activités : “Suite à l’installation de nouveaux hangars il y a moins d’un an, des riverains subissent déjà des nuisances en termes de bruit et de vibration“, assure Damien Gentilleau. D’autres nuisances ont été recensées par le collectif, telles que “le flux de camions qui va forcément augmenter si on étend sur une telle surface, et ça peut aussi être l’encombrement de la 4 voies“.

Le président de la communauté de communes affirme de son côté que la problématique environnementale est bien prise en compte dans l’aménagement de la future zone industrielle. “Après des études environnementales, on a enlevé une partie du périmètre” et réduit le projet de 30 à 27 hectares“, soutient Dominique Denieul.

Garder les terres agricoles

La communauté de communes met en avant sur son site internet une extension au profit du “dynamisme économique du territoire“. Mais pour Damien Gentilleau d’autres projets alternatifs sont envisageables. Le collectif STOP PAPB2 et la confédération paysanne militent pour que le projet décidé par le Pays de Châteaugiron communauté soit remplacé par un autre projet maintenant toutes les terres agricoles. “Ça peut être un projet de maraîchage, sachant qu’il y a des besoins pour les cantines des communes autour, ça peut être des regroupements de producteurs“, propose l’élu municipal. Il assure cependant qu’aucune de ces propositions n’a pu être débattue avec les habitants ni la communauté de communes.

Il y a eu une première réunion de présentation du projet, et une deuxième appelée “Information participative”, où on a eu du mal à voir le côté participatif“, critique Damien Gentilleau. L’élu souhaiterait qu’une réelle concertation soit mise en place entre les habitants, les agriculteurs des environs et la communauté de communes.

Après des études environnementales, on a enlevé une partie du périmètre” et réduit le projet de 30 à 27 hectares, soutient Dominique Denieul. Le président de la communauté de communes précise que certaines entreprises ne pourront pas être autorisées à s’implanter dans le futur parc d’activités, “notamment les entreprises qui pourraient avoir de gros besoins en eau” car “le secteur est déjà tendu“. Il affirme que la question environnementale est bien prise en compte dans le projet d’aménagement : “Du bocage sera conservé en intégralité“, par exemple. “Dans l’élaboration du projet, il y avait des zones humides importantes dans la qualité de l’eau et la biodiversité et on les a retiré du périmètre et c’est un agriculteur qui récupèrera ces surfaces“, conclut Dominique Denieul.

© France Bleu – Article du 30/01/2022

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